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Gérer sa colère et les crises avec un adolescent : le coeur et l’esprit

par | Août 2, 2018 | Adolescence, Tous les articles

Chaque parent peut se mettre en colère contre son ado. Mais il est difficile de se mettre en colère pour des motifs valables et justifiés, au moment et durant un temps raisonnable.

Quiconque est esclave de ses pulsions – autrement dit, quiconque ne se maîtrise pas – en souffre et fait souffrir les gens autour (dont les ados).

La capacité à conserver son sang-froid forme le fondement de la volonté et du caractère. De même, la source de l’altruisme se trouve dans l’empathie, cette capacité à lire dans le cœur de son enfant.

Et s’il est deux attitudes morales qu’exige notre époque, ce sont précisément celles-là : la retenue et la compassion.

Comme l’avait vu Aristote, le problème ne tient pas aux émotions elles-mêmes, mais à leur justesse et à leur expression.

La question qui se pose est celle-ci : comment mettre notre intelligence en accord avec nos émotions lors des crises avec un ado ?

Gérer ses émotions et sa colère avec un ado

NOS DEUX ESPRITS :

Le premier, l’esprit rationnel, est le mode de compréhension dont nous sommes en général plus conscients : pondéré, réfléchi, faisant sentir sa présence.

Mais il existe un autre système de connaissance, impulsif, puissant, parfois illogique : l’esprit émotionnel.

La division émotionnelle/rationnelle correspond en gros à la distinction entre le « cœur » et « la tête ».

CONNAIS-TOI TOI-MÊME :

Les individus se répartissent en trois catégories différentes selon leurs rapports avec leurs émotions :

1) Ceux qui ont conscience d’eux-mêmes : ces personnes font preuve de subtilité dans leur vie affective

. Lorsqu’ils sont de mauvaise humeur, ils ne la déversent pas sur les autres et ils sont capables de s’en défaire rapidement.

Leur caractère attentif les aide à maîtriser leurs émotions et leurs colères

2) Ceux qui se laissent submerger par leurs émotions : Ils ont l’impression de ne pas pouvoir échapper à leurs émotions,
comme sil elles prenaient le contrôle. Ils n’ont pas conscience de leurs sentiments et n’arrive pas à prendre de distance vis-à-vis de la situation.

En conséquence, ils ne font pas grand-chose pour se défaire de leur mauvaise humeur et ils ont souvent l’impression de ne pas gérer leur vie affective.

3) Ceux qui acceptent leur état d’esprit : Ils ont conscience de ce qu’ils éprouvent mais ne font rien pour y remédier. Ils ont aussi conscience de leur sauts d’humeur, les acceptent et ont tendance à s’y laisser aller sans rien faire. Ce caractère se retrouve plus souvent chez des personnes avec des comportements qui s’approchent de la dépression.

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Un article qui passionne : « Bien communiquer et parler a un ado »

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LA PASSION :

Chaque sentiment possède une valeur, une signification mais aussi un rôle.

Une existence sans passion serait comme une morne traversée du désert, coupée de tout ce qui fait la richesse de la vie.

Comme le soulevait Aristote, ce qui est désirable, c’est une émotion appropriée, un sentiment proportionné aux circonstances. Lorsque les émotions sont trop faibles, elles créent ennui et distance, non maîtrisées, trop extrêmes et persistantes, elles deviennent pathologiques, comme dans la dépression ou l’angoisse.

Contenir ses émotions négatives est en effet la clé du bien-être affectif. Les hauts et les bas donnent du piment à la vie mais ils doivent se compenser.

POURQUOI LA COLERE ?

« La colère n’est jamais sans raison, mais c’est rarement la bonne raison » Benjamin Franklin

De toutes les émotions négatives auxquelles les parents s’efforcent d’échapper, la colère semble être la plus rebelle.

La colère est le mouvement de l’âme le plus difficile à maîtriser. On peut dire que c’est la plus séduisante des émotions négatives : ce qu’on se dit intérieurement fournit à notre esprit les arguments les plus convaincants pour la laisser exploser.

A l’inverse de la tristesse, la colère procure de l’énergie. C’est un outil de persuasion qui s’avère parfois efficace à court terme, mais qui laisse des séquelles à un adolescent sur le long terme.

Plus nous ruminons la cause de notre fureur, plus nous risquons de nous trouver de « bonnes raisons ». Le fait de remâcher sa colère attise celle-ci, alors qu’en changeant de perspective on éteint les flammes.

Reconsidérer la situation sous un autre angle plus positif constitue l’un des moyens les plus sûrs pour calmer l’irritation.

« Jessica fait rarement ce que lui dicte son père. Se manque d’obéissance le fait exploser de rage »

Comment le père de Jessica peut-il voir cette situation sous un autre angle pour accepter la situation ?

Il peut se dire : «  Elle ne fait pas ce que je lui demande ! Elle est vraiment têtue ! Mais au moins lorsqu’elle sera plus grande et qu’un homme sera trop insistant, elle saura comment l’envoyer balader »

Voilà un exemple de changement de perspective.

D’après une étude du psychologue Dolf Zillmann, la colère trouve son origine dans la préparation au combat. D’après lui, le sentiment d’être menacé est le détonateur universel.

La menace n’est pas forcément une menace physique directe, le plus souvent c’est une menace symbo

lique pesant sur notre amour-propre, notre dignité ou bien notre autorité : la sensation d’être traité injustement, insulté ou humilié lorsqu’on poursuit un but important.

GERER SA COLERE AVEC UN ADO : 3 METHODES SIMPLES ET EFFICACES

La première méthode consiste à désamorcer les pensées qui déclenchent la montée de la colère en pacifiant son
discours intérieur.

Plus tôt on s’y prend, et plus c’est efficace.

Vous allez me dire : « Non mais c’est plus facile à dire qu’à faire !

Prendre conscience que ce moyen fonctionne, c’est déjà une première étape pour mettre en œuvre le processus.

Tout d’abord, vous pouvez choisir des pensées qui vous rappellent à quel point vous tenez à votre enfant.

Des pensées comme « je n’en peux plus » ou « je ne mérite pas qu’elle me manque de respect » sont caractéristiques de celui ou de celle qui se prend pour « une victime innocente » ou en proie à une « indignation légitime ».

En vous emparant de ses pensées et en les remettant en question, vous commencerez à vous en libérer.

Ainsi, une mamans sous le coup de la colère, pense : « Non mais il ne me respecte pas en rentrant avec ses chaussures sales alors que je viens de nettoyer ! Il est vraiment irrespectueux ! ». Elle peut mettre en doute cette pensée en se remémorant les moment où son fils l’a aidé à ranger la vaisselle ou débarrassé la table.

Cela lui permet de réviser son jugement : « Bon, même si ce qu’il vient de faire me dérange fortement, il m’a déjà montré qu’il peut être respectueux et adorable ».

Cette dernière formulation amène la possibilité d’un changement et d’une solution positive, alors que la première ne produit que colère et frustration.

La deuxième méthode consiste cette fois-ci non pas à jouer avec votre psychologie mais avec votre physiologie.

Tout d’abord, lorsque vous sentez la colère monter, éloignez-vous et isolez-vous. Cela vous permettra de casser l’inertie de la dispute. Ensuite asseyez-vous confortablement et faites plusieurs inspirations profondes avec le ventre.

Quand le calme est revenu, repartez voir votre ado en vous disant que vous allez trouver une solution (dites le vous vraiment, parlez vous !) et non dans l’optique d’une confrontation. Tout ce que vous y gagnerez c’est de retomber dans un schéma de dispute.

Une autre méthode que j’utilise consiste a me demander si ma colère et mes critiques m’aideront à faire avancer la situation et obtenir ce que je veux.

En général, la réponse est non. Se mettre en colère contre son ado ne fera que le braquer et fermer la discussion.

Voici d’autres moyens qui peuvent vous aider à vous apaiser. Plus vous vous les mettrez en œuvre tôt lors de la montée de colère plus elles seront efficaces :

– Sortir et aller marcher
– Regarder la télévision
– Lire un livre ou un magasine
– Faire du sport
– Profiter de la nature
– Appeler un ami
– Cuisiner un bon plat
– Faire une activité manuelle

Tout cela interfère avec les pensées qui pourraient attiser la colère.

Par contre, s’adonner à des plaisirs comme faire des achats ou manger n’est pas très efficace : il est trop facile de continuer à ruminer son indignation en mangeant un gâteau au chocolat ou en arpentant un centre commercial.

LA COLERE ET LA SANTÉ :

Après vous être mis en colère, sachez que si vous revenez sur l’incident en le ruminant, votre cœur est susceptible de perdre sa capacité de pompage de 5%. Chez certaines personnes cela pour monter jusqu’à 7%.

Cette baisse d’efficacité de pompage est propre au sentiment de colère. Ni l’anxiété ni l’activité physique ne semblent avoir les mêmes répercutions.

Donc une crise de colère met le cœur à rude épreuve même si la personne est âgée d’une vingtaine d’années.

Cela ne veut pas dire que l’on doit réfréner sa colère systématiquement, au contraire. Car l’étouffer systématiquement a pour effet d’augmenter l’agitation physique et peut provoquer une poussée de tension.

Prendre la mouche de temps en temps n’est pas dangereux pour la santé, le problème se pose lorsque l’agressivité devient la norme.

Pour finir, les meilleurs remèdes à la colère sont l’empathie et la confiance. Tout ce qu’il faut, c’est être motivé. Et quelle meilleure motivation que le bien-être et l’épanouissement de votre ado ?

Lorsque les gens comprennent que leur explosion de colère peut les amener à la tombe plus vite qu’ils ne le pensent, ils sont prêt à tout essayer.

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