« Les écoles Montessori préparent-elles bien au collège ? » Il s’agit d’une question que l’on me pose fréquemment, lors de rencontres avec de nouvelles familles ou pendant les portes ouvertes de mon école.
Les parents hésitent parfois à inscrire leur enfant dans ces écoles, car bien qu’ils soient convaincus par cette pédagogie ils se demandent si le “retour à la normale” ne sera pas trop difficile …
Il faut dire qu’il y a peu de collèges Montessori, ou alternatifs en général (d’ici 5 à 10 ans cela devrait changer !). Alors faire le choix d’une alternative pour l’école, c’est aussi assumer le fait qu’il y aura un grand changement au collège …
Je m’appelle Laetitia Plisson, je suis éducatrice Montessori et directrice d’une école Montessori, mais aussi (et surtout) maman de quatre enfants, dont certains ont fait et continuent l’instruction en famille. Comme Albain m’a aussi posé la question du collège, alors j’ai choisi de vous faire profiter de ma réponse et de mon expérience à travers cet article.
Quelles compétences doit avoir mon enfant pour entrer au collège ?
Juste la moyenne !
Pour entrer au collège, votre enfant doit non pas avoir de bonnes notes, mais la moyenne dans les matières enseignées. Les connaissances et compétences sont définies par le Socle commun des connaissances et compétences, qui régit les apprentissages sur la période scolaire obligatoire, soit entre 6 et 16 ans.
Chaque école publique, privée sous contrat ou privée hors contrat doit s’appuyer sur le socle commun, et est contrôlée par l’inspecteur d’académie à ce sujet.
Attention, suivre le socle commun ne veut pas dire suivre les programmes scolaires ! Le programme établit la liste des notions qui seront abordées pour des enfants d’un niveau donné sur une année scolaire.
Le socle commun définit des connaissances et compétences que l’enfant doit acquérir au long de sa scolarité jusqu’à 16 ans. Il se découpe en quatre paliers : le premier en fin de CE2, le second en fin de 6eme et le dernier en fin de 3eme, avec le Brevet des Collèges.
Gérer l’espace et le temps
Il est demandé aux enfants entrant au collège de savoir lire un emploi du temps. De savoir lire l’heure aussi, et gérer ainsi leurs allées et venues dans les différentes salles, sans se perdre et en étant ponctuel. C’est LE principal changement entre l’école primaire et le collège ! Quel sentiment de liberté !
De l’autonomie …
On va aussi demander aux enfants de plus en plus d’autonomie. Déjà, ils sont autonomes pour les déplacements, mais il faut qu’ils le soient aussi pour préparer leur cartable en fonction des cours de la journée … et surtout pour faire leurs devoirs !
Cette fois-ci, les devoirs ne sont plus demandés du jour pour le lendemain, mais pour 2, 3 jours, voire une semaine… A lui d’apprendre à anticiper la charge de travail et se la répartir dans la semaine, aussi bien pour apprendre les leçons que pour les exercices écrits …
Mais au fait, votre enfant a-t-il appris à apprendre ?
S’il est allé dans une école traditionnelle, la réponse est très variable. Parfois, il a pu avoir une maîtresse créative, un maître qui savait s’adapter, et qui ont semé des graines d’organisation ou de méthodes intéressantes pour votre enfant. Parfois, non. Il a juste réussi à apprendre par coeur les récitations et ce qu’il fallait de leçons pour avoir une note correcte au contrôle, puis il s’est dépêché d’oublier …
Dans une école Montessori, il n’y a pas de note !
Ce que les enfants apprennent, c’est juste pour eux, comme des défis à eux-mêmes, qu’ils sont fiers d’avoir réussi ! Ils apprennent ce qui les intéresse au moment où ils s’y intéressent, et non pas en fonction d’un programme quelconque. Du coup ça rentre mieux, et ça reste plus longtemps !
Les enfants abordent le français, les maths et les sciences, la géographie, même l’histoire en manipulant des objets, des cubes, des perles, des étiquettes. Ils apprennent avec leur tête mais aussi avec leur corps : une façon d’apprendre peu présente à l’école classique.
Ces manipulations demandent aussi une certaine organisation, et une gestion de l’espace (et de son corps dans l’espace) qui attestent d’une bonne orientation…
Une organisation sans failles
Dans une ambiance 6-12 ans, les enfants suivent un programme personnalisé, une “feuille de route” qui leur indique les présentations d’activités et les travaux qu’ils ont à faire dans la semaine.
A eux de s’organiser comme ils le souhaitent, travailler seul ou à plusieurs, sachant que tout doit être fini le vendredi. Ils apprennent ainsi à s’organiser, à estimer le temps nécessaire pour un travail, à prévoir un temps de correction, d’amélioration notamment pour les rédactions…
Certes, il n’y a pas de carnet de notes, mais les enfants sont appelés à s’auto-évaluer très régulièrement, à discuter avec l’éducateur pour adapter le programme.De quoi devenir autonomes et responsables assez rapidement !
Oui, mais comment un enfant qui sort de Montessori va s’adapter aux contrôles notés au collège ?
Avouez, c’était ça la dernière question qui vous embêtait ?
Ben oui, parce que maintenant que vous savez qu’un “enfant Montessori” est autonome, responsable et connaît pas mal de trucs (attention, chacun a son niveau de connaissance, je ne suis pas en train de dire que toute personne sortant d’une école Montessori est surdouée, hein ?), il reste que le collège propose un système d’évaluations notées, contrôles prévus ou surprise, avec bulletins tous les trimestres.
Et ça, en Montessori, ça paraît extra-terrestre !
Une transition amorcée
En dernière année de l’ambiance 6-12 ans, les exercices proposés peuvent être tirés de manuels classiques, d’école primaire ou de sixième, pour que l’enfant s’habitue à leur présentation et à répondre correctement à ce qui et demandé.
C’est déjà une transition importante, pour savoir adapter la réponse à ce qu’attend le professeur !
Oui mais les notes ?
Un enfant qui sait ce que l’on attend de lui, qui a appris sa leçon , l’a comprise et a répondu de son mieux aux questions ne devrait pas avoir de mauvaise note. Toutefois, comment peut-on savoir si une note est “bonne” ou “mauvaise” ? Comment se sentira-t-il s’il a 11 ? Fier de lui ou déçu ?
La meilleure façon d’anticiper cette épreuve est d’aider les enfants à avoir confiance en eux, en leur travail et en leurs capacités. Bien sûr, Albain s’y connaît sur ce point là et pourra vous donner des pistes… Voici celles que je mets en place dans mon école !
En école Montessori, comme les enfants n’ont pas vécu de classement, de jugement sur leur travail ou leurs capacités, ils préservent cette curiosité et ce plaisir de la découverte qu’ils ont dès le plus jeune âge.
Bien sûr, il y a des matières qu’ils aiment moins, où ils réussissent moins bien ou moins vite, mais ils savent qu’en persévérant, à force de temps, ou en laissant tomber un moment pour mieux y revenir deux mois plus tard, ils y arrivent. Et là, leur confiance en eux est renforcée !
Alors si au collège votre enfant rend un devoir, et récolte un 5… Il va analyser l’appréciation, comprendre que ce qu’il a restitué ne correspond pas à ce qui était demandé (le professeur voulait plus d’explications, que les calculs soient tous notés, ou bien les réponses sont hors sujet…) et s’améliorer au prochain devoir !
Bien sûr, il peut se comparer aux autres, se trouver nul un moment, mais vous, parents, vous saurez l’accompagner pour qu’il retrouve cette force intérieure qu’il avait lorsqu’il était à l’école, non ?
Un grand merci à Albain pour avoir publié cet article !
A bientôt, Laetitia Plisson, de S’instruire autrement
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