La pédagogie Freinet peut-elle nous aider à surmonter les lacunes du système scolaire ? Comment l’utiliser pour favoriser un bon apprentissage chez les enfants ?

Dans le courant de l’éducation nouvelle au début du 20ème siècle, un français, Célestin Freinet, propose une nouvelle approche de la pédagogie et de l’apprentissage.

Voyons comment a évolué la pédagogie Freinet.

Pédagogie Freinet : ses principes et son histoire

Contexte historique

La blessure de Célestin Freinet par balle aux poumons pendant la Première Guerre Mondiale lui demande une grande convalescence avant de devenir instituteur.

A cause de ses séquelles et de sa condition physique qui ne lui permettaient pas de donner des cours magistraux, il va repenser l’école en créant une autre forme d’éducation, à l’opposé de celle qu’il a reçue.

Sa propre réflexion pédagogique, la soumission militaire vécue à l’époque et les rencontres dans le milieu de l’éducation nouvelle le poussent à devenir militant syndical et politique.

Après avoir quitté l’éducation nationale et été déporté durant la Seconde Guerre Mondiale, Célestin Freinet devient le fondateur du mouvement de la nouvelle éducation. La création de l’ICEM (Institut Coopératif de l’Ecole Moderne) en 1947 constitue une autre étape dans le développement de sa pédagogie.

Innovations de la pédagogie Freinet

Célestin Freinet serait donc à la source de nouvelles pratiques éducatives très intéressantes en classe.

Par exemple : l’imprimerie. Grâce à cette imprimerie, on a pu développer « l’expression libre ». L’enfant écrit sans aucune contrainte, on imprime ensuite les textes écrits puis on les distribue au reste de la classe pour être critiqués.

On assemble les textes pour en faire un journal, qu’on distribue ensuite dans d’autres écoles. Cette méthode
innovante a engendré le concept de « correspondance scolaire », toujours répandue actuellement.-

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L’école comme micro-société

Les classes Freinet sont constituées en micro-sociétés, c’est-à-dire qu’elles établissent leurs règles et
créent une culture commune.

Il y a plusieurs instances comme les conseils de classe. Ils permettent aux enfants de faire des points sur des choses liées à la classe et pour faire évoluer les règles.

L’aspect démocratique est présent. Les règles sont votées collectivement et les problèmes qui en ressortent sont rapidement débattus. Les maitres et les élèves sont des citoyens scolaires régis par un certain droit et des devoirs communs.

Le travail des élèves sert à la construction de cette culture commune. De nombreuses traces sont ainsi conservées. Par exemples : des cahiers de classe sont réalisés. Des dessins et des sculptures sont affichés.

On observe finalement une production des savoirs coopérative. Les élèves sont considérés comme des auteurs – créateurs.

L’apprentissage des élèves

Une idée de base de cette pédagogie est que tout enfant peut apprendre si le milieu favorise les apprentissages. Les classes sont avant tout tournées vers l’apprentissage par le travail.

Si l’aspect ludique est moins présent dans la pédagogie, l’élève est responsabilisé par rapport aux apprentissages face auxquels il va jouer plusieurs rôles.

Il peut être chercheur, créateur, conférencier, auditeur, critique, aide, etc. Mais toujours dans l’idée d’apprendre à travers
la diversité.

L’autre point à prendre en compte est que l’élève apprendra mieux s’il se sent en confiance et en sécurité. Nous l’avons vu ici, le stress et la peur bloquent la capacité à apprendre. D’où l’intérêt d’avoir un cadre qui limite la violence.

Enfin, ce qui pousse ces enfants c’est le désir de travailler, qui vient de la pratique sociale. En d’autres termes, c’est l’atmosphère de coopération qui vient avec un suivi individuel.

L’implication active de l’élève est évidemment importante comme dans beaucoup de pédagogie alternative. C’est en faisant que l’élève apprend, mais pas seulement.

A travers des situations de préparation ou des discussions collectives par exemples, la pédagogie Freinet permet aussi la réflexion et le recul par rapport à l’action.

D’autre part, l’idée qu’il y a différents chemins pour arriver à un même objectif est mise de l’avant. La créativité et l’expérimentation sont donc encouragées.

Enfin, le fait de garder des traces de production permet à l’enfant de situer ses apprentissages dans un contexte.

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Un article complémentaire : 8 astuces bienveillantes pour aider les enfants à apprendre

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Le rôle de l’enseignant dans la pédagogie Freinet

Les exigences vis-à-vis du maitre sont assez fortes. Il doit représenter un modèle d’adulte à la fois dans sa relation avec les élèves et dans sa relation avec les parents.

En plus, il est reconnu que le rythme d’apprentissage et les façons d’apprendre de chaque élève sont différents. Malgré tout, le maitre doit toujours s’adapter à chacun.

Même si le maitre a plus de pouvoirs que les élèves à cause de ses responsabilités, il existe des moyens de limiter les abus.

Le rôle de l’enseignant est contrôlé par les différents conseils où il peut être remis en question. Il peut aussi profiter des discussions avec d’autres praticiens Freinet.

Le maitre est une aide pour l’enfant à titre individuel. Il est aussi le garant de la construction de la micro-société avec son fonctionnement démocratique.

C’est enfin lui qui va veiller au respect des règles communément établies.

La formation de l’enseignant dans les écoles Freinet

Si c’est vrai qu’il y a des formations menées par des groupes départementaux de l’ICEM, ce n’est pas le plus important.

L’école moderne est à la fois un esprit et un ensemble de techniques et d’outils. C’est en incarnant cet esprit de coopération qu’une bonne partie de la formation se réalise.

Tout un réseau de soutien et d’échange existe. C’est cette coopération à large échelle avec cette remise en question perpétuelle qui emmène le mouvement Freinet à évoluer tout en gardant ses bases solides.

Pour devenir enseignant Freinet à l’école moderne, il faut aussi et surtout être capable de « s’auto-former ». A travers les lectures, les discussions, les échanges et bien sûr la pratique.

La pédagogie Freinet est une pédagogie qu’il faut expérimenter. 

Les autres membres du mouvement ont aussi un rôle majeur, celui de motiver, critiquer, suggérer et réagir.

Pédagogie freinet : quels résultats ?

Ce résultat fait référence à une étude réalisée pendant cinq années dans une école particulièrement difficile. L’étude a été effectuée par toute une équipe Freinet.

L’équipe a pu remarquer notamment une diminution de la violence, ainsi qu’un plus grand sentiment de justice des élèves. En parallèle, on a constaté une nette augmentation des résultats scolaires.

L’étude a aussi révélé que les élèves tendaient à avoir un regard plus positif vis-à-vis de l’école, de l’apprentissage et des savoirs en général. Des effets positifs ont été aussi perçus du côté de l’équipe enseignante qui s’est serrée les coudes. Ça
aurait même créé une stimulation pour les écoles alentours.

Une amélioration a également été notée vis-à-vis de certains parents qui seraient plus intéressés à l’éducation. Et il semblerait que contrairement à une certaine crainte, le passage au secondaire se passe assez bien.

Conclusion sur la pédagogie Freinet

Pour une étude prise dans un contexte bien particulier, c’est évident qu’on peut se demander dans quelle mesure ça s’appliquerait ailleurs. Et je pense qu’on doit le faire. En tout cas, des pratiques issues de la pédagogie Freinet ont fait leurs preuves. Et on en retrouve même dans le système traditionnel.

Plusieurs questions et limites peuvent se poser par rapport à ce modèle : est-il trop scolaire ? Comment suivre les élèves individuellement avec des classes aussi remplies ? Comment adapter la formation des enseignants ?

Pour en savoir plus, vous pouvez aussi contacter un enseignant Freinet ou visiter l’une de leurs écoles. C’est toujours intéressant !

Merci de m’avoir lu jusqu’ici. A bientôt sur Petit Pousse !

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