Allez ça y est, c’est décidé, on va définir des regles en famille, avec un tableau peut-être ? En plus il paraît que c’est à la mode, y a même des grands stickers qui existent, bon mais là c’est plutôt de la déco, pour ce qui nous concerne ça peut s’apparenter parfois à de la survie.
Il faut l’avouer, des fois, suivant la fatigue, la journée de boulot, les conséquences d’un dérapage verbal peuvent varier.
J’avoue, quand mon fils à 18h30 décide de m’hurler dans les oreilles la dernière chanson apprise à l’école, pour la 34ème fois en 10 minutes, suivant si j’ai eu mes 8h de sommeil (indice : jamais !) ou si j’ai dormi 3h en 6 fois (cauchemar, ou nez qui coule, ou Doudou perdu, ou papa qui ronfle ou les 4 en même temps) je ne vais pas réagir de la même façon, forcément !
Ça peut aller de « va t’asseoir 5 minutes pour te calmer » à « pas de télé jusqu’à la fin de la semaine ! », tout cela n’est ni juste, ni logique pour l’enfant. Il ne manquera pas de vous le faire remarquer, à juste titre d’ailleurs.
Fixer des regles en famille : mode d’emploi !
Un outil comme une liste ou un tableau de règles peut être une aide précieuse en cas de crise. On l’a vu dans un article précédent, un simple rappel à la règle suffit alors autant qu’elle soit écrite noire sur blanc, ou en couleur, c’est mieux d’ailleurs en couleur, ça met un peu de joie.
« Notre rôle de parent est d’offrir un cadre à nos enfants dans lequel ils pourront grandir et forger leur personnalité, tout en intégrant les règles de la vie en société » explique Gabrielle Sébire dans « Avec lui, c’est compliqué »
Le psychiatre Autrichien Alfred Adler a, par son travail sur la psychologie individuelle et sociale au début du 20ème siècle, introduit l’idée de la psychologie positive. L’éducation de son époque préconisait que l’adulte impose un savoir de l’expérience et contrôle à grand renfort de règles et de retraits de privilèges.
En résumé, la soumission de l’enfant face à l’adulte. En avance sur son temps, il a mis en place 9 principes dont celui, qui nous intéresse ici, l’invitation à la coopération.
L’apprentissage vient de l’intérieur, il se fonde sur notamment l’encouragement et l’autonomie. Les compétences de la vie s’acquièrent en alliant fermeté, bienveillance et coopération.
Il est primordial d’enseigner aux enfants la responsabilité sociale.
Les connaissances scolaires ne suffisent pas à devenir un membre à part entière de la société, de la communauté. L’un des adages d’Alfred Adler « Ne faites pas pour un enfant ce qu’il est capable de faire seul » et par conséquent « la première étape de l’enseignement de la responsabilité sociale est l’enseignement de l’autonomie »
Pour des regles en famille efficaces, il faut lister, réunir, débattre …
- Dans un premier temps, s’adapter à l’âge de votre Petite Pousse.
S’il sait lire ça simplifie la tâche, sinon il faudra faire des recherches avec des pictogrammes lisibles et cohérents, ça demandera un peu plus de temps de préparation.
- Ensuite, prévoir une réunion familiale à un moment propice à la discussion et à l’échange. Evitez donc les fins de journée ou les vendredi soirs, choisissez un moment qui vous convient à tous.
Avant la réunion, n’hésitez pas à faire la liste de vos besoins, de vos valeurs et des règles qui vous semblent importants pour le bien vivre ensemble, car c’est de ça qu’il s’agit : le respect de l’autre et de soi.
Attention à votre liste car elle sera valable pour vous aussi ! Et oui, vous savez que les enfants apprennent en premier lieu par mimétisme. L’exigence que vous attendez d’eux, il faut aussi l’avoir avec vous-même.
Par exemple, les gros mots … Saperlipopette que c’est compliqué de ne pas jurer ! Ou si vous décidez que les portables sont interdits dans la chambre … Si vous le mettez sur le tableau, il va falloir le respecter vous aussi, il faut y penser ! Il est nécessaire d’être cohérent.
Je suis prête à parier qu’il ne va pas comprendre pourquoi la règle s’applique à lui et pas au reste de la famille.
Alors ça y est vous avez listé les comportements que vous souhaitez voir disparaître ou au moins voir diminuer (colère, bagarre entre fratrie…) ainsi que les règles indispensables au bien vivre (heure du coucher, heure du repas, rangement…) ?
Notez bien que cette liste n’est pas définitive, mais permettra d’ouvrir la conversation entre vous et de décider en famille.
- Le jour J, tout le monde s’installe. Veillez à bien être tous disponibles physiquement et émotionnellement, votre Petite Pousse également car lorsqu’un enfant est impliqué dans un projet il se sent très vite en situation de capacité, entraîné vers la coopération
Ensuite, on commence à échanger sur les choses à faire qui nous semblent importantes, celles qui sont indispensables. Chaque règle fera écho à votre passé, à votre vécu, à vos valeurs et elles sont propres à chacun.
C’est pourquoi lors du débat, soyez à l’écoute des besoins des uns et des autres et trouvez des compromis dans la bienveillance. Imaginez bien que si c’était si facile on n’en ferait pas tout un article 😉
N’hésitez pas à discuter ensemble de l’importances des limites, revenir sur pourquoi il y a des règles. Ne négligez pas cette étape, surtout si vous sentez que ce n’est pas clair sinon c’est prendre le risque de voir vos efforts échouer.
Les regles peuvent être divisées 3 catégories :
- La loi (code pénal, code civil…)
- Les valeurs familiales, non négociables en générales (la politesse, la non-violence, le respect …)
- Les règles familiales, de celles qui évoluent en fonction de l’âge par exemple (heure du coucher, temps devant les écrans…)
En bon chef d’orchestre, recentrez le débat sur des sujets généraux. Il est préférable d’utiliser le « Je » et la forme positive.
On évite « Je n’utilise pas la brosse à dent des autres » on préférera « J’utilise mes affaires » ou « si je veux emprunter les affaires des autres, je demande poliment et j’accepte le refus sans colère ». Faites à votre sauce en fonction de vos besoins, de vos convictions et vos valeurs évidemment.
Instaurez peu de regles en famille , mais faites en sortes qu’elles soient respectées
Pour les plus petits (comme chez moi) parfois les émotions peuvent être difficiles à contrôler. J’ai donc ajouté une colonne qui explique comment réparer un débordement.
Je vous explique : une des règles est le respect et la politesse envers les autres.
Si mon fils oublie et se laisser aller à un comportement qui manquerait de politesse, il commence par aller se calmer 3 minutes si besoin, ensuite il s’excuse car les mots peuvent blesser. Puis il doit réparer en aidant dans une tâche, en faisant un petit câlin ou des gestes tendre de son choix.
Cela recrée du lien et rassure l’enfant sur sa capacité à corriger ses actes. Il comprend que cet acte ne le définit pas et qu’il n’y a pas de fatalité.
« Le rôle des parents est de donner aux enfants un cadre cohérent à l’intérieur duquel ils se sentent à la fois libre et protégé » (Dr Daniel Marcelli, pédopsychiatre)
Et après ?
Il y aura un temps d’adaptation, des essais, concluants ou non. Les règles seront à rediscuter régulièrement.
Votre tableau va évoluer au fil du temps, c’est certain. Un changement, une évolution au sein du foyer, les enfants qui grandissent et une redéfinition des règles sera nécessaire.
Petit rappel important
On ne marchande pas avec les démonstrations d’affection, ça serait contre-productif. On attend de son enfant qu’il respecte certaines règles, dans le but d’une harmonie dans la vie en communauté, pas qu’il obéisse à nos désirs, ni qu’il soit soumis.
Les règles ont une utilité pragmatique et logique. Par exemple, on range ses affaires car sinon on ne peut plus mettre un pied devant l’autre et on risque de tomber, de les abîmer en marchant dessus.
Pour conclure
Je me rappelle m’être dit au début de mon rôle de parent que ce n’était pas très utile toutes ces histoires de règles et de tableaux affichés près du frigo. Puis la réalité, le quotidien ou même vos enfants vous rappellent tous les jours à quel point vos besoins ne sont pas les seuls à compter.
C’est surtout pour eux qu’on le fait, pour le cadre rassurant que cela leur procure, pour l’investissement que vous y mettez, leur rappeler que leur place compte dans la famille, qu’ils ont un rôle à jouer.
Garantir l’équilibre de la famille, satisfaire le besoin d’appartenance, veiller au bien-être de chacun font partie des règles tacites de notre rôle de parent.
Alors, vous êtes prêt à définir VOS regles en famille ?
Si vous avez besoin d’aide pour instaurer plus de calme et d’harmonie à la maison, vous pouvez profiter d’un « Mini Coaching » offert juste ici …
Références : « La discipline positive » Jane Nelsen
Mots-clés associés à l’article : regles en famille – autonomie – appartenance – tableau de règles – définir des limites – éducation bienveillante
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